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 Le surf et sa représentation

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punk_life
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   Posté le 18-03-2006 à 18:06:59   Voir le profil de punk_life (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à punk_life   

Le surf en tant qu’activité sportive de pleine nature participe du « désir de rivage » qui touche l’Occident depuis le XIXe siècle, et qui s’accentue à la fin du XXe. Il connaît son essor à un moment où les territoires stables des identités collectives se défont et se recomposent. Comme d’autres cultures-monde, le surf ne se réduit pas aux pratiquants, aux planches et aux vagues. Des milliers d’images (photographies, filmsles dieux de surf, vidéos) donnent une existence au phénomène dans les médias, parfois le précèdent, en tout cas le construisent. Dans ce jeu, les médias ne jouent pas un simple rôle d’outil d’information ; en présentant le territoire planétaire du surf, ils l’énoncent, c’est-à-dire qu’ils l’inventent.
Le phénomène est largement soutenu par d’autres agents économiques. À côté des artisans shapers, qui fabriquent des planches sur mesure, les multinationales américaines ou australiennes et leurs prolongements européens (Quicksilver, Rip Curl...) tiennent le marché et se spécialisent dans la production d’articles et de vêtements pour le grand public. Inventé par Tom Morrey en 1971, le body-board, petite planche permettant la pratique couchée, favorise la fréquentation des spots. Légère, maniable, de dimensions réduites, elle se vend en supermarché à plusieurs millions d’exemplaires chaque année. Les surfs-shops se multiplient sur les fronts de mer, mais aussi dans les grandes agglomérations.
Parallèlement à la mutation des stations balnéaires en stations surf, un tourisme littoral spécialisé s’est organisé. Les surf-camps proposent des séjours dans des hôtels face aux spots réputés, et de plus en plus lointains, comme celui de Tavarua aux îles Fidji. Les surf-tours initient aux voyages les jeunes des écoles de surf et les surfaris conçoivent des formules « aventure » à l’intention des groupes accompagnés de moniteurs.
Le surf peut être caractérisé comme un geste-discours qui allie performance et esthétisme. Il peut être également perçu comme une épure des sports de glisse, puisqu’il se joue dans un mouvement perpétuel où la vague et sa pente ne sont jamais les mêmes. Dans une société où tout se complexifie, où les valeurs se transforment et se recomposent, où l’ordre et le désordre s’entremêlent sans cesse, la figure du surfeur oscillant entre l’équilibre et la chute apparaît comme un symbole de notre temps, également capable d’intégrer les attributs du sacré : le mystère, la pureté, voire la peur.
Porté par une popularité croissante, soutenu par les collectivités locales, garant de marchés prometteurs pour les entreprises, le surf est devenu un vecteur du dynamisme local, et le processus de surfurbia, déjà bien installé sur la côte californienne, est en cours sur les côtes européennes. La contre-culture surf, si elle a représenté pour quelques minorités un moment de résistance au style de vie américain, est aujourd’hui complètement intégrée par une société de consommation, elle-même largement diversifiée. La discipline s’impose comme une pratique de loisir de masse et comme un sport possédant désormais ses règles institutionnelles, ses championnats et ses lieux d’élection.



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